Lil « qui coule » est un motif très fréquent de consultation chez le vétérinaire. Que cela soit un il ou les deux yeux, du liquide séreux (= comme de leau) ou du pus, linquiétude du propriétaire pour la santé de son compagnon à grandes oreilles est toujours importante. En effet, de nombreuses légendes courent sur Internet ou même dans les bouquins de vulgarisation de la médecine du lapin au sujet de ces « conjonctivites ». Ce petit exposé a pour seule ambition de remettre un petit peu dordre afin déclairer et dorienter au mieux le propriétaire chez son vétérinaire.
2/ la dacryocystite ou inflammation du canal lacrymal.
Tout comme lêtre humain, le lapin possède un petit canal, encastré dans les os de la face, qui relie lil à lextrémité du nez. Ce petit canal a un rôle fondamental puisquil permet lévacuation des larmes produites quotidiennement dans lil et évite donc que ces larmes coulent constamment le long des joues. Toute obstruction partielle ou totale de ce petit canal aura une répercution sur la facilité découlement des larmes et donc dans un deuxième temps sur lil.
2-1 étiologies (= les causes de linflammation du canal)
* les racines dentaires : la majorité des cas
Le trajet du canal lacrymal débute par une petite ouverture située médialement au niveau de la paupière inférieure. Lorigine du canal se situe quelques millimètres au dessus des racines des prémolaires supérieures. Il se prolonge ensuite en ligne droite et vers le bas à travers los. Le canal va former un coude juste en arrière et en dessous de la racine de lincisive pour ensuite remonter et terminer sa trajectoire à lextrémité du nez. Il y a donc une très étroite association anatomique entre le canal lacrymal et les racines des dents maxillaires. Par ordre de fréquence, ce sont les racines des incisives puis des prémolaires et enfin plus rarement des molaires qui en poussant anormalement en profondeur peuvent irriter ou écraser le canal lacrymal.
* les bactéries primaires : la minorités des cas
Potentiellement nimporte quelle bactérie pénétrant dans le canal pour être responsable de son inflammation. Il apparaît quand même quune bactérie est retrouvée beaucoup plus souvent que les autres : la Pasteurella spp.
2-2 les symptômes
Pus dans langle interne
Pus coulant le long de la joue
Canal lacrymal droit obstrué et perforé par une incisive.
canal lacrymal gauche normal : bonne perméabilité.
Irrigation du canal lacrymal
Incisives supérieures
3/ la conjonctivite (= inflammation de la muqueuse des paupières)
3-1 étiologies
* les bactéries
Beaucoup de bactéries différentes vivent à létat normal dans le sac conjonctival de lil. Ces bactéries peuvent devenir opportuniste et infecter lil si celui-ci est fragilisé. Les bactéries souvent retrouvées sont Pasteurella multocida (pathogène primaire ou secondaire), Staphylococcus aureus, Chlamydia.
* les virus La myxomatose
* les spirochètes Treponema cuniculi
* les facteurs prédisposant
- lobstruction du canal lacrymal par une racine dentaire (cf dacryocystite) ; - une malformation oculaire ou du canal lacrymal ; - une lésion congénitale ou acquise de la glande lacrymale diminuant la quantité de larmes dans lil ; - un corps étranger ; - lentropion ou ectropion (malformation des paupières) congénital ou acquis ; - une mauvaise ventilation ou une litière trop souillée : irritation de lil par lammoniaque ; - une ration alimentaire trop riche en protéine : trop durée dans les urines décomposée en ammoniaque dans la litière par les bactéries ; - litière et/ou foin de mauvaise qualité car trop poussiéreux ; - trauma de la cornée : blessure dans la cage, bagarre, lésions dermatologiques prurigineuses (ex : gale, poux, dermatite bactérienne, teigne compliquée )
3-2 le diagnostic
Le diagnostic précis est établi par :
. une anamnèse la plus complète possible ; . un examen approfondi de lil et de ses annexes; . une analyse bactériologique des larmes pour déterminer lantibiotique adéquat ; . éventuellement une radiographie des racines dentaires
4/ Conclusion
La dacryocystite et la conjonctivite sont deux entités très fréquentes en médecine ophtalmologique des lagomorphes. Ces deux « maladies » sont souvent étroitement liées, ce qui ne doit jamais être perdu de vue par le vétérinaire.
Ulcère perforant suite à une conjonctivite mal soignée : Lil devra être retiré