Sablose ou sable : micro-cristaux constitués de carbonate de calcium le plus souvent qui, en grande quantité, ressemblent à du « sable ».
Calcul ou urolithiase : agglomérat de cristaux qui finissent, dans le tractus urinaire, par former une « pierre » : le calcul.
Hypercalcémie : présence d'une quantité anormalement haute de calcium dans le sang.
Hypercalciurie : présence d'une quantité particulièrement haute de calcium dans les urines.
2/ Lorigine du problème : lhypercalciurie physiologique du lapin
Le métabolisme du calcium est tout à fait particulier chez les lagomorphes même si tout n'est pas encore compris à l'heure actuelle. En effet, l'absorption intestinale est habituellement régulée par la vitamine D chez les autres espèces ; ce mécanisme étant très limité chez le lapin (la vitamine D n'interviendra qu'en cas de carence en calcium importante comme lors de lactation, de gestation ou de croissance par exemple). La particularité du lapin est que la diffusion passive du calcium à travers la barrière intestinale est très importante. Cette diffusion est dite « passive » car elle n'est sous le contrôle d'aucune hormone. A cause de cette absence de régulation d'absorption, le calcium contenu dans l'alimentation sera entièrement absorbé au niveau de l'intestin et passera en grande quantité dans le sang ( le taux de calcium sanguin est 30 à 50 % plus important chez le lapin que chez les autres espèces !). L'excès de calcium sanguin sera filtré par les reins et se retrouvera dans les urines. A titre de comparaison, la fraction de calcium filtré par les reins chez la majeure partie des mammifères est de 2% contre 45 à 60% chez le lapin ! Ce calcium, en présence d'une urine alcaline, formera des cristaux de carbonate de calcium (= précipité blanc mélangé à l'urine). En résumé, toute augmentation de la teneur en calcium de l'alimentation sera responsable d'une augmentation de la teneur en calcium de l'urine et donc d'un risque de formation de sable ou de calcul urinaire.
3/ Le rôle de lhypercalcémie et lhypercalciurie dans le développement dune maladie urinaire.
Dans l'état actuel des connaissances, on n'a pas encore réussi à prouver indiscutablement qu'un haut taux de calcium alimentaire était toujours associé à une infection urinaire. Par contre, il a été prouvé qu'une ration correctement dosée en calcium permettait de limiter fortement la sablose urinaire et diminuait donc un certain nombre de pathologies possibles. A contrario, toutes les tentatives de mise au point d'une alimentation pauvre en calcium et/ou en vitamine D pour les lapins ont réussis à diminuer fortement la sablose urinaire mais furent responsables de maladies métaboliques des os et de gros problèmes dentaires
4/ Lhypercalciurie
4-1 Etiologies
La présence de carbonate de calcium (= précipité blanc) en plus ou moins grande quantité dans les urines est donc normale ! La quantité de « sable » dépendra de plusieurs facteurs :
- la teneur en calcium de l'alimentation trop élevée (aliment surdosé en calcium ou vitamine D, pierre à ronger trop abondante, foin de luzerne) ; - aliment trop riche en granulés déshydraté et trop pauvre en légumes ; - quantité d'eau fournie insuffisante; - un manque d'exercice physique ; - l'obésité (aliment distribué en self-service); - trop peu de phosphore dans l'alimentation (exemple : lapin nourri exclusivement avec de l'herbe) ; - une infection urinaire sous-jacente ; - la rétention urinaire provoque une accumulation d'urine et donc un risque de sablose ou calcul : un lapin stérilisé ne marquera plus son territoire comme le lapin sauvage qui urine sans cesse ; Le lapin en captivité, même non stérilisé, perd la notion de marquage territorial et donc urine moins souvent ; Certain lapin en captivité n'aime pas uriner dans leur cage et se retienne ; Les lapins obèses ou souffrant d'une pathologie (exemple : pododermatite) bougent moins et se retiennent.
Cage trop petite
les légumes aident à produire plus d'urine
attention au foin 100% Luzerne.
4-4 Traitement
on force le lapin à uriner en le plaçant sous perfusion pendant 2 à 3 jours (hospitalisation) antibiotique anti-inflammatoire sondage et rinçage abondant de sa vessie (sous anesthésie gazeuse) rectification de l'alimentation et des conditions de logement
Rinçage abondant de la vessie sous anesthésie gazeuse
Récolte d'une grande quantité de sable
5/ Lurolithiase
5-1 Etiologies
Lorsqu'il y a trop de sable dans le tractus urinaire, ce sable peut s'agglomérer et former une pierre de taille variable selon la chronicité de la précipitation. Les calculs chez le lapin se composent le plus souvent de carbonate de calcium, oxalate de calcium et phosphate de calcium. Potentiellement, un calcul peut apparaître à n'importe quel endroit du système urinaire : dans le rein (fréquent), l'uretère, la vessie (fréquent) ou l'urètre. Les étiologies sont les mêmes que l'hypercalciurie (cf 4-1).
5-2 Symptômes
Les symptômes seront variables en fonction de la localisation du ou des calculs(s) : difficulté pour uriner. Dans les cas les plus graves : impossibilité d'uriner (urgence !) présence de sang dans les urines abdomen distendu et douloureux anorexie partielle ou totale
5-3 Diagnostic
anamnèse et symptômes examen général dont la palpation abdominale radiographie et/ou échographie (examen de choix) abdominale l'analyse d'urine : protéines, sang, bactéries prise da sang pour évaluer la fonction rénale
Calcul urétéral et hydronéphrose
calculs rénaux et pyélonéphrite
Calcul et sablose dans la vessie
Ce même calcul après opération : La taille d'une bille !
Calcul urétral
Ce même calcul après l'opération : un triple grain de riz !
Confirmation d'un calcul dans la vessie
Mise en perfusion et câlin avant l'anesthésie
Monitoring de l'anesthésie gazeuse en place
Préparation du champ opératoire
Incision de la paroi abdominale
Extériorisation de la vessie
Retrait délicat du calcul
Calcul de carbonate de calcium
La vessie est recousue avec un file très fin
Muscles et peau sont également suturés
Un peu de colle tissulaire pour solidifier la cicatrice. Notre petit lapin et sauvé !